Loin des grosses productions et autres Battle Royale, le studio Saber Interactive remet au premier plan le dégommage de zombies en coopération avec World War Z, tiré du roman de Max Brooks (et du film) du même nom.
On est loin du roman, et on s’en fout
Après avoir hérité d’une adaptation sur grand écran, le roman de Max Brooks intitulé World War Z : Une histoire orale de la guerre des zombies, se retrouve cette fois-ci transposé en jeu vidéo. Il s’agit à la base d’un roman d’horreur post-apocalyptique prenant la forme de témoignages recueillis par un narrateur au cours de la Ze guerre mondiale ayant opposé les humains aux infectés.
L’adaptation cinématographique, tout défaut mis à part, avait su apporter un vent de fraîcheur sur grand écran avec des plans impressionnants de zombies (ici appelés Zékés) qui se montent dessus afin de former des montagnes de corps et escalader les obstacles sur leur route.
La particularité de cet univers, outre son aspect guerre ouverte, est le comportement extrêmement vivace des Zékés (loin des zombies lents et bien plus classiques du roman). Souvent comparés à des essaims, ces derniers s’agglutinent en véritables hordes monstrueuses que rien n’arrête.
Le jeu vidéo quant à lui tente de reprendre cette recette en laissant de côté les clichés du genre et en assumant totalement son côté action. World War Z ne fait pas peur comme on peut l’attendre d’un jeu de zombie, mais mise tout sur le spectacle et l’inéluctabilité de la situation, un peu comme si vous étiez face à une avalanche. On sait que ça vient, que c’est gros et violent, et qu’il va falloir l’affronter.
Left 4 Dead 3: Days Gone Edition
Le titre nous fait incarner différents survivants durant la Ze guerre mondiale dans une campagne découpée en plusieurs scénarios. Au nombre de 11, ces derniers nous font voyager du désert de Jérusalem au port de Tokyo, en passant par l’intérieur d’un bunker soviétique.
Le titre nous fait incarner différents survivants durant la Ze guerre mondiale dans une campagne découpée en plusieurs scénarios.
Chaque scénario met en scène 4 survivants incarnés par les 4 joueurs, tous contraints de coopérer afin de réussir les différents objectifs et sortir de cet enfer vivant. À la manière d’un Left 4 Dead, chaque survivant ne peut porter qu’un certain nombre de munitions et d’accessoires ainsi qu’une seule trousse de soin.
Bien que plus dirigistes et courts que dans le FPS de Valve, ces scénarios n’en sont pas moins intéressants et proposent quelques passages stressants et/ou impressionnants. Il faudra toutefois compter environ 5 à 6 heures de jeu afin de finir toute la campagne, et beaucoup plus si vous comptez le faire dans toutes les difficultés.
Et autant vous dire qu’à partir de difficile, la moindre erreur peut vous coûter la vie. Quant au mode démentiel, il vous demandera une coopération et une connaissance du jeu impeccable sous peine de mourir dès les premiers zombies rencontrés… oui, ça sent le vécu.
Si ça bave, c’est qu’on peut le tuer
Et ces derniers ne rigolent pas dans WWZ. Vous trouviez les zombies de Left 4 Dead rapides et dangereux ? Sachez que les Zékés sont plus vifs, nombreux et implacables. Toutefois, vous possédez une meilleure puissance de feu (encore heureux) et c’est là que World War Z se différencie.
Il ne s’agit plus de s’occuper simplement de ses munitions et de bien viser la tête, mais de gérer le flux incessant de zombies en leur balançant toute la puissance de feu dont vous disposez dans la tronche. Et vous allez devoir le faire vite, car vous n’aurez pas le loisir d’hésiter sous peine de vous retrouver très vite entouré d’une quarantaine de Zékés, et je n’exagère pas.
Il ne s’agit plus de s’occuper simplement de ses munitions et de bien viser la tête, mais de gérer le flux incessant de zombies.
Alors certes, il faudra tout de même (surtout dans les difficultés supérieures) gérer ses munitions, mais ce n’est pas autant mis en avant que dans les autres jeux du genre. Certains y verront un manque de profondeur, j’y vois personnellement une autre façon d’appréhender le jeu de zombies.
Je n’avais jamais senti avec une telle intensité la menace d’une horde auparavant. Lorsque les cris retentissent au loin et que vous apercevez à l’horizon des centaines de Zékés sprinter à s’en arracher les membres vers votre position, vous ne pouvez vous empêcher d’avoir un petit pet de trouille, même après des dizaines d’heures de jeu.
Certaines scènes sont d’ailleurs impressionnantes avec littéralement des flots de Zékés se déversant d’un point surélevé vers le sol, telle une pluie ininterrompue.
Ajoutez à cela les zombies spéciaux, ennemis récurrents de ce type de jeu, qui amènent une touche d’aléatoire et de stress durant les parties. Ces ennemis sont, au passage, entièrement pompés sur les concurrents.
On retrouve le Hunter et le Charger de Left 4 Dead qui font littéralement la même chose, le zombie en combinaison jaune avec sa bonbonne sur le dos qui fait directement penser à Dying Light. Toutefois, dans World War Z, il n’explose pas et libère à la place un nuage toxique à sa mort. Enfin, le Hurleur, capable d’appeler des hordes de zombies avec ses cris stridents, est également inspiré de la sirène de Killing Floor.
Zéké ze zoui dans la merde, moi
Chaque mission démarre généralement de la même manière : vous devez vous rendre à l’objectif en faisant le moins de bruit possible. Pour cela, vous disposez en début de partie d’une arme munie d’un silencieux ainsi que de votre attaque de mêlée. Vous pouvez également vous accroupir pour plus de furtivité, mais l’IA des Zékés n’étant pas très fut fut, vous n’allez pas vous en servir très souvent.
Même si les environnements sont dans l’ensemble plutôt linéaires, le jeu encourage tout de même l’exploration avec des armes et accessoires disséminés dans les moindres recoins. Vous trouverez également des portes blindées qui ne peuvent être ouvertes qu’avec des charges explosives récupérées durant la partie. Toutefois, même si les récompenses valent en général le coup, le bruit de l’explosion attirera très certainement des Zékés sur vous, une décision à ne pas prendre à la légère.
Si vous et votre groupe avancez sans trop de difficulté, le jeu vous enverra une horde à la tronche pour vous freiner.
L’IA s’adapte également à la situation, si vous et votre groupe avancez sans trop de difficulté, il n’est pas impossible que le jeu vous envoie une horde à la tronche afin de freiner votre progression. Au contraire, si vous veniez à manquer de ressources, ce dernier mettra à votre disposition d’avantages de moyens de défense lors des grosses attaques de horde.
Et contrairement à des jeux comme L4D où les parties avec des inconnus pouvaient vite tourner au cauchemar quand les gens passent leur temps à rusher la fin du niveau, ici la nécessité d’être furtif et de devoir attendre vos coéquipiers à certains endroits de la mission pour avancer permet d’éviter ce genre de choses.
En plus de ça, il vous faudra — au moins une fois durant le scénario — défendre une zone spécifique le temps que l’objectif soit accompli (attendre une extraction, débloquer une porte, etc.). Inutile de vous dire qu’il s’agit des passages avec le plus de Zékés à l’écran et par conséquent les plus impressionnants et les plus difficiles. Votre groupe devra se préparer avant chaque défense en installant des pièges (grillages électriques, barbelés) et des armes lourdes (tourelles sur pied, mortier) afin d’avoir une chance de survivre.
Un système classique, mais efficace
Le titre de Saber Interactive intègre également un système de classe permettant à chaque joueur de se spécialiser. Il en existe 6 pour le mode campagne avec, pour chacune, un arbre de compétences qui se débloque au fur et à mesure que vous progressez en niveau avec la classe choisie.
Le titre de Saber Interactive intègre un système de classe permettant à chaque joueur de se spécialiser.
À la fin de chaque scénario, vous gagnerez de l’expérience afin de faire progresser votre compte ainsi que votre classe actuelle, mais aussi de l’argent qui vous servira à acheter de nouvelles compétences et des améliorations d’arme.
La possibilité d’acheter les compétences se débloquera à mesure que votre classe monte en niveau. Cependant, vous ne pourrez pas tout équiper et il vous faudra faire un choix afin de former votre build.
Sans changer fondamentalement le gameplay, chaque classe propose de petites variantes qui lui donnent tout de même un intérêt, comme pouvoir se ressusciter ou augmenter le nombre d’attaques au corps-à-corps que votre personnage peut effectuer avant de fatiguer.
Certaines classes comme l’artificier peuvent d’ailleurs très vite devenir indispensables à haut niveau, notamment pour leur capacité à poser des mines claymores, très utile lors des grosses défenses d’objectif.
L’armée des modes
Le PvP quant à lui reste assez classique dans l’ensemble et dispose de beaucoup trop de modes de jeu pour un titre de ce genre. Opposant deux équipes de 4 joueurs dans de minuscules cartes, ceux-ci devront capturer des points, récupérer des objets ou tenir le plus longtemps possible le drapeau vaccin afin de marquer des points et remporter la victoire. La seule particularité réside dans l’apparition sporadique de véritables hordes de zombies qui viendront foutre le bordel au milieu de la partie.
Même si l’idée reste sympa sur le papier, dans les faits, c’est une autre histoire. L’arrivée des Zékés peut avantager aussi bien l’équipe en train de perdre que celle qui domine. On se retrouve donc avec un facteur fun, certes, mais extrêmement aléatoire.
Les hordes de zombies peuvent avantager aussi bien l’équipe en train de perdre que celle qui domine.
Inspirées de la campagne coop, les différentes classes du mode multijoueur sont plus nombreuses, mais proposent néanmoins un arbre de compétences moins fourni. Chaque classe possède également ses propres armes et accessoires.
Même si le PvP n’est pas le cœur du jeu, il déçoit sur pas mal de points. On en ressort avec une sensation étrange, perdu entre la frustration et l’indifférence.
La vue TPS n’est pas le choix le plus judicieux en PvP et favorise grandement les adversaires qui campent près des coins de mur, tandis que l’instabilité des serveurs et le lag permanent finissent d’achever le tableau. Pourtant, l’intention de vouloir proposer une expérience nouvelle est louable, mais très mal exécutée.
Finalement, c’est pas si mal
En définitive, World War Z ne garde du film que ses hordes impressionnantes de zombies. Pourtant, le titre de Saber Interactive reste une bonne surprise. Reprenant les codes du jeu coopératif introduit par Left 4 Dead, le titre arrive tout de même à renouveler la formule, en proposant un gameplay fun et exigeant. Même si visuellement, WWZ reste une petite déception pour un jeu sorti en 2019, l’affichage de centaines de zombies à l’écran est en soi une prouesse qui fonctionne du tonnerre. Le titre nous promet par ailleurs une grande rejouabilité avec un choix de la difficulté qui, dans les plus hauts niveaux, vous demandera une excellente connaissance du jeu. Et même si WWZ trouve son plein potentiel en compagnie d’amis, il n’en reste pas moins une expérience bien plus agréable en solitaire que d’autres jeux du genre. On regrettera tout de même un mode PvP complètement instable et globalement assez frustrant, des scénarios bien trop courts, des zombies spéciaux copiés/collés (et peu nombreux) ainsi qu’un mode solo (hors ligne) totalement sans intérêt.
► Points forts
- Les hordes de zombies
- La diversité des Zékés
- Le feeling des armes
- L’équilibre entre bourrinage et stratégie
- Nom de dieu, le jeu est dur
- Un prix abordable
- Nombreux mode PvP…
► Points faibles
- …mais instables
- Une partie infiltration en deçà
- Les zombies spéciaux peu nombreux
- Peut devenir répétitif sur le long terme
- Manque encore un peu de contenu
Un bon moyen de s’occuper en attendant Left 4 Dead 3
War Legend a bénéficié d’une copie fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA GTX 1080
- CPU : AMD Ryzen 5 1600X @3.6GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD
World War Z sera disponible le 16 avril prochain sur PC, PS4 et Xbox One.
Précommande goclécd (PC)