Après un Wooly World sympathique sur Wii U, Yoshi troque les pelotes de laine contre des boîtes en carton sur Nintendo Switch avec Crafted World, pour un résultat étonnamment solide.
Tout en carton
Si vous n’aimez pas Nintendo pour son côté parfois trop enfantin, vous allez détester Yoshi’s Crafted World. Dans la droite lignée des autres jeux de la mascotte kawaii de la firme de Kyoto, absolument tout respire l’insouciance et la légèreté. Le titre est d’ailleurs à nouveau développé par le studio partenaire Good Feel.
Wooly World, d’où son nom, avait opté pour une direction artistique laineuse adoucie à coup de Soupline. De son côté, Crafted World préfère le vrai travail manuel de CP où le décor a été littéralement construit de bric et de broc.
Au premier contact, ça ne donne pas vraiment une bonne impression, le travail ayant eu l’air d’avoir été réalisé par-dessus la jambe, mais au fur et à mesure des premiers niveaux, on se rend rapidement compte que l’environnement a reçu un soin de conception assez exceptionnel.
Absolument tous les éléments du décor ont été construits à partir d’objets du quotidien, bien souvent en carton, comme des canettes, des bouchons, des bouteilles, des assiettes, des boîtes de céréales, etc… avec une pointe de coloriage au feutre çà et là.
Tout est tellement bien foutu qu’on pourrait facilement penser que la majorité des éléments du décor ont été imaginés et créés en vrai avant d’êtres reproduits en jeu, comme un petit enfant qui s’inventerait son propre monde en diorama cartonné (avant de découvrir les jeux vidéo, l’alcool et autres substances illicites). Des chutes d’idées de Nintendo Labo, sans doute. C’est encore plus flagrant quand on peut voir des mécanismes bouger avec des bouts d’élastiques ou des rubans de papier.
Le pire avec cet environnement en carton, c’est que certaines idées de gameplay vont changer la perspective du décor pour se retrouver de l’autre côté, avec littéralement l’envers de ce dernier, avec les morceaux de ficelles et de scotch apparents pour assembler le tout. C’est bourré de détails dans tous les sens et on s’amuse à les repérer si on est un minimum sensible à ce genre de truc.
C’est très mignon, presque trop. Bien plus qu’un Mario en tout cas, même si c’est quand même l’idée de base de Yoshi’s Island depuis le premier épisode sur Super NES.
On ne dira pas que le jeu est le plus beau disponible sur la petite hybride de Nintendo, mais le gameplay tourne à 60 images par seconde, ce qui est le principal. Cela crée tout de même une cassure assez nette et étrange avec les scènes cinématiques qui sont animées façon stop-motion. Mais bon, c’est tellement de bonne facture qu’on pourrait croire que ça sort des studios Aardman.
Des bases solides pour ton petit cousin
Crafted World reprend alors toutes les mécaniques de bases classiques d’un jeu Yoshi : on peut sauter assez haut en planant légèrement, on gobe des ennemis pour les transformer en oeuf et on les balance à la tronche des ennemis tout en collectant des fleurs souriantes (cuteness overload). Comme dit plus haut, Crafted World aime jouer avec les perspectives et il est alors possible de shooter des éléments en arrière-plan avec les oeufs.
Il faut avouer que les animations et la vitesse du jeu sont un peu… mollassonnes, comparées aux vieux épisodes en 2D, mais le gameplay reste efficace avec juste ce qu’il faut de précision pour rester engageant.
À ce moment-là, on fait une erreur qui coûte cher dès la moitié du premier monde : on sous-estime la difficulté du jeu (si vous jouez en mode non assisté). Qu’on se le dise, Crafted World n’est pas si facile qu’il en a l’air, surtout si vous comptez terminer le titre à 100%. Il n’y a que deux checkpoints maximum par niveau et votre progression n’est pas sauvegardée entre temps. Vous n’aurez pas à vous soucier d’un pool de vies, mais une mort bête signifie de revenir souvent assez loin en arrière et retrouver une partie des objets spéciaux collectés auparavant.
On pourra tout de même rouspéter qu’il est impossible de charger à partir du dernier checkpoint sans être obligé de mourir, parce que rater un défi chronométré ne se remettra pas à zéro. Idem pour les phases de sidescrolling où il faut être réactif pour récupérer un bonus, d’autant plus qu’il faudra prévoir un stock d’oeufs à l’avance, sans quoi il ne sera pas possible de collecter certains éléments.
Comme c’est un jeu Nintendo, la variété dans le gameplay prime, et chaque niveau possède ses propres variations et idées plus ou moins originales : des aimants réajustables qui servent de plateforme, des chariots à pousser, un train à réparer, Poochy le chien qui défonce tout sur son passage et permet d’atteindre des hauteurs. On reprochera que certaines de ces idées ne sont pas exploitées vraiment à fond, mais il n’y a pas deux niveaux qui se ressemblent.
Pour aller jusqu’au bout du délire, certains niveaux coupent court au gameplay classique pour proposer une expérience totalement différente, comme un défi d’éliminations d’ennemis ou aux commandes d’un Mecha Yoshi (en carton) qui détruit tout sur son passage.
Les boss sont sympathiques, mais clairement pas un point fort du titre, tellement leur difficulté rase les paquerettes. Un peu comme Mario Odyssey, le défi est présent pour ceux qui le cherchent, mais reste toujours un peu timide quand il s’agit de passages obligés.
On oublie pas la UHU
Pour progresser sur la carte du monde, il faudra alors prendre soin de récupérer un maximum de fleurs dans les niveaux, souvent cachés de manière plus ou moins évidente. En plus de cela, il faudra ramasser toutes les pièces cachés du niveau (camouflés au milieu des pièces classiques) et finir avec une barre de vie pleine. Pas forcément tout en même temps, mais quand même.
Oh, et il y a les costumes à collectionner en dépensant vos pièces (plus de 180, très utiles pour protéger vos points de vie), des chasses au trésor avec un élément du décor à shooter en particulier et vous pourrez refaire TOUS les niveaux en sens inverse avec un objectif contre la montre, tout en récupérant des petits Poochy (tout kawaii) souvent cachés. Rien que le fait que les niveaux soient conçus pour être parcourus à l’envers démontre bien le savoir-faire du studio en matière d’ingéniosité dans le level design.
Avec une grosse quarantaine de niveaux et une bonne demi-douzaine de boss (pas très compliqués), il y a clairement de quoi faire. Après le premier monde, il est possible de choisir leur ordre de complétion.
Pour vous aider, vous pouvez appeler n’importe quand un deuxième Yoshi pour vous filer un coup de main en connectant une manette, la flexibilité du multijoueur de la Switch étant ce qu’elle est.. Le jeu est clairement conçu pour du solo, mais la progression à deux est plutôt agréable et facilite parfois la vie.
Avec deux bouts de ficelles et un carton, je te fais un bon jeu
Oui, ce nouveau jeu Yoshi est assez classique, oui c’est très gnangnan, mais on est forcé de constater que ça se joue très bien si on accroche grâce à son gameplay varié, quelques idées sympas, sa direction artistique peu commune et sa générosité de contenu. Le titre peut vous faire retomber en enfance et convient à toutes les mimines. Yoshi’s Crafted World est la preuve que le terme “tout public” n’est pas un gros mot et propose un contenu adapté à tous les types de joueurs. Et puis bon, il est trop mignon, quoi.
► Points forts
- Une direction artistique tout en détail
- Un gameplay et des niveaux variés
- Commandes classiques, mais précises et efficaces
- Le level design pensé pour le “mode miroir”
- Des puzzles intéressants
- Facile ou difficile selon ce qu’on en fait
- Une excellente durée de vie
- Un aspect collection pas trop frustrant
- 60 FPS
► Points faibles
- Pas super joli sur la télé
- Un peu mou
- Idées de gameplay pas toujours exploitées à fond
- Impossible de charger depuis un checkpoint
- Les pièces rouges parfois frustrantes
- Boss trop simples
- Musiques enjouées, mais répétitives
Un jeu fait main avec amour
Yoshi’s Crafted World est disponible sur Nintendo Switch.
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