Une histoire qui fait des remous
Les choses sont bien loin d’être réglées entre Frogwares et Nacon. Le développeur et l’éditeur demeurent irrémédiablement en conflit autour du jeu The Sinking City. La bataille juridique opposant les 2 protagonistes est toujours en cours. Pour rappel, Frogwares a tiré le premier, arguant que Nacon refusait de lui payer pas moins d’1 million d’euros en royalties. En conséquence, le studio a décidé de retirer The Sinking City des différents stores.
Toutefois la cour d’appel de Paris a ordonné à Frogwares de continuer le contrat avec Nacon, que le développeur a terminé d’une manière “manifestement illégale“.
Peu de temps après, Nacon a fièrement annoncé le retour de The Sinking City sur tous les stores : PlayStation Store, Microsoft Store et Steam. Le titre est bien revenu sur Steam vendredi dernier, toutefois Frogwares s’en offusque aujourd’hui, accusant l’éditeur Nacon d’avoir piraté une copie du jeu sur un autre store et de l’avoir modifiée pour la (re)publier sur Steam.
Selon Frogwares, Nacon a ourdi ce plan en se servant de Neopica pour le piratage en question, un studio racheté il y a quelques mois. Les développeurs de The Sinking City expliquent dans un post de blog les éléments qui les amènent à cette accusation. Ils ont également préparé une vidéo reprenant ces arguments.
Hackerman a encore frappé
On découvre ainsi que Nacon aurait acheté une copie du jeu sur GamesPlanet, qui au passage a investi des billes et dont le logo figure donc sur les écrans de démarrage du titre. Cette copie aurait ensuite été remise au studio Neopica, qui aurait modifié son code source afin de recompiler une version estampillée Nacon pour la publier sur Steam.
Faire cela est impossible sans la clé de cryptage du jeu, unique et spécifique à Frogwares. Le studio indique savoir comment Nacon a obtenu cette clé, mais garde l’information pour la justice.
Grâce à la clé, Nacon, par l’intermédiaire de Neopica, a notamment viré le logo Frogwares à l’ouverture du jeu. Normalement le logo du studio apparaissait avec une chouette petite animation, qui maintenant se fige de manière assez évidente.
Par ailleurs, on note le retrait, dans le coin inférieur gauche du menu principal, d’une pub pour le prochain jeu Sherlock Holmes de Frogwares.
Aussi, l’option “Play more” a disparu. Celle-ci servait, selon Frogwares, de publicité et de procédé anti-piratage. En cliquant dessus, l’utilisateur déclenchait un processus de vérification de la version du jeu non invasif, tout simplement afin de vérifier son authenticité.
Nous pensons que Nacon a fait cela pour cacher son exploitation frauduleuse du jeu sur Steam, mais aussi sur d’autres portails où ils prévoient de l’envoyer. Nacon ne veut pas que Frogwares ou qui que ce soit, y compris la justice française, ne connaisse la véritable ampleur de son exploitation du jeu.
Frogwares précise par ailleurs que la version Steam vendue à l’heure actuelle pour Nacon est vendue comme standard alors qu’elle comporte le contenu de l’édition deluxe. Un contenu développé suite à la sortie du jeu et qui ne fait pas partie du contrat initial signé entre Nacon et Frogwares.
Réponse de Nacon : c’est la faute de Frogwares, d’abord
Suite aux déclarations de Frogwares, Nacon est venu sur Steam (tant qu’à faire) défendre son bout de bifteck. L’éditeur clame avoir réagi à un “manque de coopération” de la part du développeur. Ce serait pour cette raison que la version Steam proposée par Nacon manque de certaines fonctionnalités comme les succès Steam ou les sauvegardes cloud.
L’éditeur rappelle par ailleurs que The Sinking City lui a coûté pas mal de pépettes, et que Frogwares était bien content de le trouver pour profiter de ses services.
C’est Frogwares qui est venu à Nacon pour demander un financement du développement du jeu et, à ce jour, plus de 10 millions d’euros ont été payés à Frogwares par Nacon. C’est Frogwares qui a compté sur nos équipes marketing et de promotion, ce qui représente des milliers d’heures de travail et plusieurs millions d’euros en investissement.
Habile Bill, toutefois il est avant tout question de savoir si les termes du contrat ont été respectés. Balancer des sommes comme ça dans le vent n’indique rien de particulier et semble relever davantage d’une tentative de détourner l’attention.
On aura d’ailleurs remarqué que Nacon omet soigneusement de parler de cette histoire de piratage. Cela ressemble fort à une confirmation des soupçons de Frogwares.
Comme souvent dans une dispute entre 2 entités, les torts ont de bonne chance d’être partagés. Nous rappellerons encore une fois que la Cour d’Appel de Paris a jugé que Frogwares a terminé son contrat avec Nacon de manière “manifestement illégale”.
Ne reste plus qu’à déterminer les torts de chacun et de permettre aux joueurs d’apprécier The Sinking City loin de ce tumulte, car en fin de compte, la communauté en est malheureusement affectée.