Annoncé il y a maintenant cinq ans, Hellraid devait se poser en successeur spirituel des jeux médiévaux dark fantasy comme Hexen ou Witchaven. Comme un certain nombre de projets made in Techland, il a été annoncé bien trop vite.
Tout le monde aime les guerriers squelettes
En 2013, en pleine Dead Island mania, le studio polonais Techland annonce Hellraid, hack ‘n slash à la première personne dans un univers médiéval dark fantasy. Beaucoup voient en lui un successeur spirituel des titres comme Heretic ou sa suite Hexen, développés par Raven Software et produits par John Romero (Doom, Wolfenstein 3D, Quake…) dans les années 90.
Prévu à l’origine comme un simple mod, Hellraid est rapidement devenu un projet de jeu à part entière et s’est même montré lors de l’E3 2013 avec un peu de gameplay bourrin.
Hellraid devait vous mettre dans les bottes d’Aidan (incarné par Nolan North), dernier membre d’une famille maudite ayant choisi de nouer une alliance inconfortable avec un vieux mage pour repousser les hordes venues des enfers.
Côté gameplay, en plus des combats acharnés, Hellraid devait proposer une campagne solo mais aussi coopérative, jusqu’à quatre joueurs. Par ailleurs, une arène a été présentée et devait mettre le joueur face à des vagues d’ennemis. Un basique mode endless, en somme. Enfin, le mode “Missions” devait permettre de rejouer les quêtes du jeu mais avec de nouveaux objectifs.
En sus, le titre qui se décrivait volontiers comme “un mix parfait entre The Elder Scrolls et Dead Island” devait proposer une création de personnage dont on aurait pu personnaliser les compétences (via un arbre de progression) et l’équipement.
On retient aussi l’interaction avec l’environnement (du style électrifier une mare) et un système d’artisanat pour créer ses propres armes.
Hache tag trucidage
Les mécaniques de combat devaient consister en un système très classique composé d’attaques légères et rapides, par opposition à des coups lourds et lents. En plus de cela, Hellraid comprenait un système de parade très simple : frapper en même temps qu’un adversaire faisaient s’entrechoquer les armes, sachant que les boucliers étaient également de la partie mais ne proposaient pas de parade active. Par ailleurs, il était possible de réaliser des esquives ; esquives que l’on peut retrouver à l’identique dans Dying Light.
En bon jeu d’action médiéval, le titre comprenait des armes physiques comme des armes magiques. Les développeurs vantaient d’ailleurs le fait que Hellraid n’imposait pas de choisir une classe ou une façon de combattre en particulier. Au lieu de cela, il était très facile de changer d’arme à la volée pour passer d’une épée à un bâton électrique, par exemple.
Dans la veine de jeux sauce 90’s, le titre comprenait des pièces secrètes que l’on pouvait révéler en fouillant un peu pour obtenir du loot particulièrement sympathique.
Au sujet du loot, les développeurs évoquaient des “centaines de milliers d’objets” grâce à un système de génération aléatoire.
Piégé dans les marais bourbeux du développement
Tout semble alors aller bon train pour le titre dark fantasy de Techland. Il a franchement les stigmates du mod Dead Island, mais il a une bonne gueule et se crée une communauté qui n’attendait que de voir un titre du genre se pointer sur le devant de la scène après toutes ces années. Les développeurs partagent régulièrement des informations sur le développement, quand tout à coup…
Octobre 2013, les problèmes commencent pour Hellraid. Initialement prévu pour une sortie cette même année, il est finalement reporté à 2014.
Si nous sortions notre jeu cette année, nous devrions faire trop de compromis et le produit final ne remplirait probablement pas toutes nos promesses ainsi que vos attentes.
Début 2014, Techland annonce que Hellraid bénéficiera d’un accès anticipé à l’automne 2014… pour une sortie en 2015. Le studio en profite pour glisser le fait que le titre ne sortira plus uniquement sur PC, mais aussi sur Xbox One et PS4.
Le trailer diffusé le 30 avril 2014 va également dans ce sens. Ce même jour, Techland diffuse un communiqué de presse pour signaler que le jeu a été retravaillé en profondeur au niveau de ses mécaniques. Par ailleurs, le moteur a évolué, passant du vieillissant Chrome Engine 5 à la version 6, plus convaincante (vous pouvez la voir à l’œuvre dans Dying Light). Une première vidéo de gameplay basée sur ce moteur est diffusée en septembre 2014.
À noter que les développeurs postent cette vidéo le 18 septembre et affirment que l’accès anticipé arrive bien à l’automne 2014, pour une sortie définitive en 2015.
Hellraid est… raide
Et puis plus rien. En dehors d’un trailer pour la mise à jour du jeu mobile Hellraid: The Escape (titre de résolution de puzzles développé par Shortbreak Studios) la chaîne YouTube de Hellraid devient alors bien silencieuse. Aux tensions que l’on sentait dans la vidéo E3 2014 se joignent des problèmes évidents de communication.
Plus rien ne filtre, ce qui est rarement bon signe. Et puis le 21 mai 2015, Techland annonce un peu partout la nouvelle qui ne surprend personne.
Chers fans de Hellraid,
Nous voulons annoncer officiellement que notre FPP dark fantasy Hellraid ne paraîtra pas cette année comme prévu et que son développement a été mis en pause.
Ces derniers mois, nous avons conduit une analyse interne et en sommes arrivés à la conclusion que Hellraid, dans sa forme actuelle, n’est pas au niveau de ce que nous attendions pour ce projet. Pour cette raison, nous avons décidé que le meilleur plan d’action était de le renvoyer sur la planche à dessin et de réinventer notre titre dark fantasy depuis le base.
Le but avoué est de se concentrer sur le développement d’extensions pour Dying Light, sorti fin janvier 2015 et qui constitue un succès colossal pour Techland. Quand en 2017 Techland annonce la sortie d’une dizaine de DLC gratuits pour ce même jeu, la tombe est creusée. En juin 2018, l’annonce de Dying Light 2 enterre le cercueil.
Techland soutient toujours que le développement du jeu est tout simplement “en pause”, mais ne vous méprenez pas : il est bel et bien annulé. Le studio semble toutefois penser qu’assumer une annulation provoquerait le crash d’une météorite sur Terre puisque le développement Chroma 2 et Warhound, tous deux annoncés en 2006… est en pause ! Pourtant, Day of the Mutants a bien été annulé et pas l’ombre d’un caillou spatial dans le ciel.
La lumière divine de l’espoir ?
Le producteur du jeu Marcin Kruczkiewicz a décapité les espoirs de beaucoup de fans en décembre 2016 en mettant à jour son profil LinkedIn. Un an et demi après l’annonce de la mise en stand-by du développement de Hellraid, l’homme ajoute une ligne sur son CV dans laquelle Hellraid a disparu. Il travaille depuis en tant que producteur exécutif sur un “projet non annoncé de Techland Varsovie”.
Considérant que Hellraid a été renvoyé “sur la planche à dessin” pour être réinventé – un processus qui prend du temps, beaucoup de temps -, il se pourrait que Kruczkiewicz s’est vu retirer les rênes du jeu (déjà sur la dernière vidéo de gameplay, l’homme a été remplacé par un autre développeur tandis que “Mike”, déjà présent dans la vidéo E3 de la même année, est toujours là) puisque son projet n’a pas convaincu Techland, comme l’a annoncé le studio. Ceci étant dit, l’entreprise a pu vouloir le conserver à un poste-clé de la création du jeu.
Dead Light
Hellraid pourrait-il avoir changé de nom pour renaître de ses cendres et se cacher derrière ce fameux “projet non annoncé” ? Avec les retombées financières de Dying Light, nul doute que le studio polonais a plusieurs jeux sous le coude.
En fait, il en a deux. Eurogamer a discuté avec le PDG de Techland en juin 2016 et, à l’époque, le journaliste Robert Purchese notait que l’un “ressemblait beaucoup à Dying Light 2“. L’autre titre était décrit par le président du studio comme une nouvelle licence développée à Varsovie. Elle comprendra un monde ouvert et des éléments RPG. Le genre est la fantasy. Tiens donc.
En vérité, il semblerait donc que Techland ait abandonné Hellraid pour aller vers un nouvelle licence fantasy dont on n’entendra vraisemblablement pas parler tout de suite. Le journaliste a d’ailleurs repéré le genre commun et s’est empressé de demander si Hellraid était lié à ce nouveau projet.
Non. Je veux dire, peut-être qu’il y a quelques éléments techniques… il y aura probablement des leçons tirées de ça, mais non, ça n’a rien à voir avec Hellraid, non.
Avec autant de non, j’ai l’impression que la réponse est non.
Nous avions au passage contacté Techland l’année dernière pour leur demander des nouvelles de ce qu’on peut tout à fait décemment appeler un vaporware et avions eu pour seule réponse : “nous n’avons toujours rien à déclarer.”
Hellraid semble bel et bien enterré pour le studio en tant que projet interne, le PDG déclarant dans l’interview d’Eurogamer :
Hellraid est toujours là. Il attend dans un coin. Nous avons simplement eu cette super idée [le RPG fantasy en monde ouvert évoqué plus haut, ndlr.] que nous voulions explorer avant. Nous ne sommes pas sûr de la façon dont nous voulons procéder mais nous réfléchissons au sujet de Hellraid, comment continuer avec ce jeu. Il y a plusieurs possibilités, peut-être un autre développeur à qui nous pouvons faire confiance pourrait reprendre le projet et collaborer avec nous, nous le livrer pour que nous ayons juste à le publier. C’est la raison pour laquelle je ne suis pas fermé sur le sujet – je suis ouvert à des options.
Traduction : si Hellraid doit voir le jour, il ne sera pas développé par Techland, qui semble déjà avoir une idée bien précise pour sa nouvelle licence fantasy.
Pour résumer, chers fans, vous pouvez vous brosser – mais vous aurez un autre titre mediéval fantastique, tirant vraisemblablement parti des excellentes idées et de l’expérience de la licence Dying Light.
Fort dommage car les vidéos font envies et une suite spirituelle d’Hexen ça me brancherai vraiment, tout comme toi <a class=’bp-suggestions-mention’ href=’https://www.warlegend.net/members/hexen/’ rel=’nofollow’>@hexen</a> à en croire ton pseudo ! ;)
Enfin dans le genre certaines images me font quand même pas mal penser à du Warhammer Vermintide 1 & 2, sans la licence qui va avec. ;)
Haha, oui Hexen est un jeu qui, comme Doom, m’a beaucoup marqué (mais y’a d’autres raisons au choix de ce pseudo ! :p). C’est vrai qu’il y a warhammer vermintide mais le feeling et l’esprit sont très différents. Perso ce n’est pas mon truc.