Suite à la tragédie d’El Paso, le jeu vidéo en prend de nouveau pour son grade. À défaut d’arrêter la vente d’armes à feu, Walmart va cesser de mettre en avant les jeux considérés comme violents… parce que les États-Unis.
This is my trump card
Dans la mesure où vous ne viviez pas dans une grotte au cours de ces derniers jours, vous n’êtes pas sans savoir qu’un tragique évènement a frappé El Paso ce samedi 3 août. Un homme âgé de 21 ans a en effet ouvert le feu armé d’un AK-47 dans un magasin Walmart, tuant 22 personnes et faisant plus d’une vingtaine de blessés. Aussi, comme on en a malheureusement l’habitude, le bouc émissaire des États-Unis face à ce drame n’est autre que le jeu vidéo, pointé du doigt par ce cher Trump lui-même.
En réponse à cette tragédie, et sans doute sous l’influence directe ou indirecte du gouvernement, Walmart a décidé de cesser tout affichage de jeux violent au sein de ses magasins. Mais la blague va plus loin, puisqu’en aucun cas, l’enseigne ne met un terme à la vente d’armes à feu. Parce que oui, au pays de l’Oncle Sam, il est possible d’acheter des flingues au supermarché du coin — aucune raison de remettre cela en cause, n’est-ce pas ?
Encore une fois, il est presque coutume pour les États-Unis (mais pas que) de blâmer le jeu vidéo à la moindre occasion. Sur ce plan-là, le gouvernement tourne en rond sur lui-même, refusant de se ranger du côté des experts qui leur prouvent sans cesse par A+B que non, les jeux vidéo n’ont rien à voir là-dedans.
Et c’est d’autant plus vrai quand on constate que depuis le début de l’année, le pays a subi près de 250 fusillades de masse. Un constat terriblement alarmant, qui met en lumière un problème qui ne trouvera pas de solution de si tôt.
https://twitter.com/keithedwards/status/1158028796773224453?s=20
Dans un tel contexte, celui où le président lui-même vient décrier les jeux vidéo violents comme cause directe de ce fléau, on peut comprendre la décision de Walmart (qui, on le précise, n’arrête pas la vente desdits jeux, simplement leurs “publicités”) qui au final, ne fait que démontrer l’ampleur de l’hypocrisie dont souffre l’Amérique. Qu’on soit clair, le criminel responsable de cet acte abominable n’a pas tué 22 personnes avec une manette de PS4…
On ne le répétera jamais assez : aussi triste que cela puisse être, le fait que les jeux vidéo servent une fois plus de vilain petit canard n’a rien de surprenant. Toutefois, comme le démontre avec justesse un article de Kotaku, notre terrain de jeu préféré n’a nul besoin qu’on le défende face à ces inepties perpétrées par des politiciens qui refusent de tourner leur regard dans la bonne direction. Et diantre que les maux qui rongent réellement leur pays sont légions (racismes, idéologies suprémacistes, manque cruel de contrôle des armes et on en passe).
Au mieux, les statistiques parlent d’elles-mêmes : aucune autre contrée ne recense de fusillades de masse en si grand nombre – plus révélateur encore, aucune n’en compte plus de 5 sur l’année. Prenons le Japon comme parfait exemple : le jeu vidéo fait partie intégrante de sa culture, de même que les animes et mangas (qui pourtant ne rechigne pas à dépeindre la violence sous toutes ses coutures) et celui-ci s’avère pourtant être le pays ayant le taux de criminalité le plus bas. Certes, les deux pays se veulent diamétralement opposés et les raisons d’une telle différence sont nombreuses — pas seulement lié à ces médias en particulier — mais cela n’en reste pas moins significatif.
On ne peut désormais qu’espérer qu’un jour ou l’autre, les États-Unis parviennent à se poser les bonnes questions et apporter les bonnes réponses. Bon, après il ne faut pas rêver, on ne verra pas cela arriver sous la direction de Trump.